Le bureau d'éclaircissement des destins ✍️ Gaëlle Nohant

'"Même si on ne répare personne, on peut rendre à quelqu'un un peu de ce qui lui a été volé, sans bien savoir ce qu'on lui rend, rien n'est tout à fait perdu".

Voilà la mission de vie, plus qu'un travail, qu'est confiée à Irène.

Rendre les milliers d'objets retrouvés à leurs propriétaires, donc leurs descendants, lors de la libération des camps nazis.

Ceux ci, consignés dans un centre de documentation allemand, ne sont bien souvent que l'infime maillon d'une vie: un mouchoir brodé par des petites mains pour dire merci, une poupée Pierrot défraîchie qui a une longue histoire, un médaillon porté par delà le malheur, un bout de papier lancé par l'ouverture d'un train qui vous emmène vers la mort,...

Irène a pour mission, d'effectuer une enquête par delà le temps, en essayant de retrouver les descendants de ces femmes, hommes, enfants déportés, volés, brisés, à qui appartenaient ces petits trésors.

Trésors parce que, grâce à ces objets, Irène remonte le fil d'une vie, de tant de vies,... et retrouve la trace de tous ces visages perdus, effacés, oubliés.

Parce qu'en associant les objets à leurs propriétaires, elle leur rend vie, elle leur offre un passé, elle offre un avenir à leurs descendants, elle fait renaître leur existence.

Une enquête méticuleuse, bouleversante,... qui nous emmène sur les chemins de ces camps de la mort, des ces histoires qui nous percutent le coeur, de cette Histoire que l'on se doit de connaître et de ne jamais oublier.

Gaëlle Nohant nous raconte cette histoire, ces histoires de vie, de manière fine, précise, méticuleuse, sans pathos, mais avec une puissance dans l'écriture de ces événements qui nous bouleverse et nous apprend, encore et encore, de ces faits, actes, ignominies, que l'on ignorait jusque là.

Ce n'est pas un énième roman sur les camps de concentration, les ghettos et la guerre, c'est une histoire qu'il vous faut découvrir parce qu'elle éclairera d'un angle nouveau ce passé pas si lointain où l'on vous embarquait dans un train de la mort pour des raisons obscures.

C'est une histoire qui appelle à l'espérance malgré la douleur, à la résilience malgré les horreurs, à l'espoir d'un avenir grâce aux descendants, qui à leur manière, prennent le relais de leurs aïeuls, leur ouvrent la porte de leur coeur, renouent avec leur passé pour se construire un présent.

Des scènes tragiques resteront gravées à tout jamais dans ma mémoire, des scènes dont j'ignorais tout.

Mais d'autres me permettent de garder le sourire et l'espérance accrochée à un bout de mon coeur, un sourire, une main que l'on prend, arrivé à l'aube de sa vie, une chanson que l'on fredonne dans une langue oubliée depuis longtemps, un souvenir que l'on raconte,... et toute l'humanité de ces femmes, ces résistantes de la vie, de ces hommes éclate en mille rayons de lumière, porteurs d'espoir.

Si je puis me permettre, lisez donc ce roman, vous en sortirez à la fois bouleversés, marqués, mais aussi heureux d'avoir découvert tous ces petits bouts de vie là, toutes ces petites résistances, ces mains qui se sont tendues et qui à elles seules, ont écrit la grande Histoire.

📚 Résumé 📚 Au cœur de l’Allemagne, l’International Tracing Service est le plus grand centre de documentation sur les persécutions nazies. La jeune Irène y trouve un emploi en 1990 et se découvre une vocation pour le travail d’investigation. Méticuleuse, obsessionnelle, elle se laisse happer par ses dossiers, au regret de son fils qu’elle élève seule depuis son divorce d’avec son mari allemand.

A l'automne 2016, Irène se voit confier une mission inédite : restituer les milliers d’objets dont le centre a hérité à la libération des camps. Un Pierrot de tissu terni, un médaillon, un mouchoir brodé… Chaque objet, même modeste, renferme ses secrets. Il faut retrouver la trace de son propriétaire déporté, afin de remettre à ses descendants le souvenir de leur parent.

Au fil de ses enquêtes, Irène se heurte aux mystères du Centre et à son propre passé. Cherchant les disparus, elle rencontre ses contemporains qui la bouleversent et la guident, de Varsovie à Paris et Berlin, en passant par Thessalonique ou l’Argentine. Au bout du chemin, comment les vivants recevront-ils ces objets hantés ?

Le bureau d’éclaircissement des destins, c’est le fil qui unit ces trajectoires individuelles à la mémoire collective de l’Europe. Une fresque brillamment composée, d’une grande intensité émotionnelle, où Gaëlle Nohant donne toute la puissance de son talent.