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A la découverte de... Audrey Sabardeil

Francoise Cardinal

Partir à la découverte des auteurs? Cela vous tente?

Découvrir leur parcours, leurs sources d'inspiration, leur rituels d'écriture via un jeu passionnant de questions/réponses.


C'est Audrey Sabardeil qui ouvre le bal de ce nouveau rendez-vous avec vous!

Elle s'est livrée en toute sincérité. J'espère que vous lirez son interview jusqu'au bout. Elle m'a intéressée, émue, épatée,...


J'ai adoré découvrir "l'envers du décor" de sa vie de femme et auteure!

Audrey Sabardeil, qui a publié "Le soleil ne brille pas pour tout le monde" et "Les naufragés" chez M+ Éditions


🎤 Peux-tu te présenter en quelques mots ?


Je viens d’avoir 47 ans, je suis mariée, ma fille unique a 17 ans et nous vivons entre Marseille et Aix-en Provence depuis bientôt six ans. Jusque-là, je vivais dans les quartiers Nord de Marseille. J’y suis née, j’y ai grandi. Je crois que les lieux nous forgent. C’est mon cas.

La vie m’a appris que les gens qui nous sont chers ne sont pas éternels, j’ai quelques regrets inconsolables. C’est sans doute aussi pour cela que certains de mes amis proches sont aujourd’hui comme ma famille. Je pense être indépendante mais je ne suis pas du tout une solitaire pour autant.

Par ailleurs, je suis professeur de français en collège depuis que j’ai 21 ans. Depuis quelques années, j’enseigne à Aix-en-Provence.

Que dire encore ? Je suis une lectrice boulimique depuis toujours.


🎤 D’où est venue ton envie d’écrire?


Depuis l’enfance, grâce à mon grand-père paternel qui improvisait des histoires comme personne, puis mon père qui écoutait tout le temps Brel, Brassens et Nougaro à la maison, j’ai toujours eu l’amour des mots et du récit. J’ai choisi de signer de mon nom de jeune fille, Sabardeil, leur nom à tous deux, parce qu’ils en auraient été fiers. C’est mon hommage posthume pour cet héritage précieux.

Dès que j’ai su lire, j’ai dévoré les romans, lu et relu des paroles de chansons. Ce « bain de mots » m’a conduite rapidement à écrire : à l’adolescence d’abord, toutes sortes de choses très courtes (des fragments d’histoire, des romans avortés, des chansons, des nouvelles). Quant à être publiée, l’idée date d’il y a quelques années, grâce à un collègue, devenu un ami. À la moindre occasion, on parlait musique, cinéma et bouquins. Sans lui, qui était le seul, longtemps, à qui je montrais mes bouts de textes (Je n’osais pas auprès de mon mari ni de ma plus proche amie.), je n’aurais jamais réussi à venir à bout de mon premier roman.


🎤 Quelles sont tes sources d’inspiration ?


Indéniablement, la vie qui m’entoure, la société.

C’est d’abord le réel qui me donne l’idée d’une scène importante autour de laquelle je construis l’idée puis l’intrigue du roman, parce que rien n’y est vrai mais que tout pourrait l’être : les faits divers, les gens dans la rue, une discussion que j’entends. Voilà la source principale.

Et puis il arrive aussi que le titre, les paroles d’une chanson, ou une scène dans un film puissent déclencher l’étincelle.

Pendant longtemps, j’ai été persuadée que je n’avais rien d’intéressant à raconter. Que je n’avais pas en moi ce qu’il fallait pour écrire un roman, que mes scénarios ne valaient rien. Lorsque mon éditeur a signé mon premier contrat et m’a donné « le droit d’écrire », j’ai réalisé que le monde regorgeait de trésors narratologiques et qu’il me fallait juste observer, écouter et laisser mon imagination faire des assemblages et des associations d’idées. Aujourd’hui, j’ai l’impression que je n’aurai pas assez d’une vie pour mettre en mots toutes les idées de romans qui se bousculent.


🎤 Que représente l’écriture pour toi ?


à la fois une échappatoire, un plaisir, un loisir, un passe-temps, mais aussi un défi, une exigence, une discipline qui m’obligent à me dépasser, la quête du mot parfait, un objectif à atteindre. Et aujourd’hui, avec deux romans publiés et un troisième en gestation, l’écriture est pour moi une nouvelle aventure professionnelle et personnelle.


🎤 Quels sont les bons et les mauvais côtés en tant qu’auteur?


Parmi les bons côtés, c’est le plaisir qui prime. Celui de l’acte même d’écrire d’abord, de bâtir quelque chose. C’est le plaisir, je suppose, de l’artisan qui travaille le bois jusqu’à lui donner la courbure, le grain et le toucher voulus et de voir l’objet fini sur l’établi alors qu’il n’était que dans sa tête jusque-là.

C’est aussi le plaisir du jeu intellectuel : celui qui consiste à chercher l’expression adéquate, le mot, la ponctuation capables de rendre parfaitement l’idée ou l’émotion. C’est jubilatoire lorsqu’on a le sentiment d’avoir trouvé.

Ensuite il y a l’excitation à voir son manuscrit devenir un livre, le laisser dans les mains de quelqu’un, attendre que les personnages qu’on a créés prennent vie sous ses yeux et dans sa tête. Cette dimension du partage, de l’échange avec les lecteurs, je n’en avais pas conscience avant que mon premier roman ne paraisse. Je pensais l’écriture un acte strictement solitaire. J’ai découvert avec émotion que c’était tout l’inverse.

Les mauvais côtés existent aussi : le temps qui manque cruellement pour écrire, la difficulté parfois à poursuivre ce marathon qu’est l’écriture d’un roman et à ne pas céder au découragement. Et lorsque par bonheur le livre parait, la difficulté à être lu par les libraires qui n’ont pas le temps de vous lire, l’énergie qu’il faut déployer pour espérer gagner en visibilité et donner à son roman la chance d’être découvert par des lecteurs.

Et puis la terrible réalité financière du métier d’écrivain : lorsque quelqu’un achète votre roman 16€, l’auteur touche moins d’1,30€. Difficile d’espérer en faire profession et y consacrer l’essentiel de son temps et de son énergie.


🎤 As-tu des rituels, habitudes d’écriture ?


Des rituels c’est beaucoup dire …

Disons simplement que dans le processus de conception du roman, je commence par jeter mes idées sur un cahier, au crayon, de préférence.

Puis quand le plan est remanié, modifié, corrigé, amélioré et enfin posé, que je sais où je vais, j’écris essentiellement sur ordinateur. J’aime bien alors m’installer en hauteur, sur le comptoir de ma cuisine. Là où il y a une belle lumière. S’il y a du bruit, par contre, je m’isole dans le bureau.

Quant aux idées qui surgissent, parasites par rapport au projet en cours, mais que je sais que je dois immédiatement consigner pour ne pas les oublier pour un futur projet, je les note souvent dans un bloc-notes dans mon téléphone. J’appelle ça mon « frigo » : j’y accumule tout un tas d’idées et de pistes, je les mets « au frais ». Un jour, peut-être, j’en ressortirais l’une ou l’autre, et j’essaierais de cuisiner quelque chose à partir de cet ingrédient … C’est ainsi qu’est né Les Naufragés, mon deuxième roman.


🎤 Combien de temps consacres-tu à l’écriture par jour ?


Malheureusement, je ne parviens pas à trouver le temps de travailler à l'écriture de mon roman chaque jour car en dessous de deux heures consécutives, je suis assez contreproductive. Or j'ai rarement ces deux heures disponibles après ma journée de travail ou je n'ai pas l'énergie et la vivacité d'esprit nécessaires. J'essaie donc d'être particulièrement organisée dans mon boulot de prof pour pouvoir dégager un jour par semaine à l’écriture, plus une partie de mes vacances. Cumuler ces deux activités professionnelles exige de la discipline, de l’efficacité et de l’endurance. Cela devrait sans doute demander aussi une bonne hygiène de vie et de la rigueur, mais j’adore sortir, faire la fête et voir des copains. J'en ai besoin pour mon équilibre et mon moral ! Alors pour ne pas sacrifier trop de temps de loisir et continuer de faire correctement mon travail de prof, je suis obligée de limiter le temps d’écriture. Il y a aussi beaucoup de tâches très chronophages : échanges avec l’éditeur, démarches administratives, gestion et organisation, mails aux libraires, aux organisateurs de salons, promo sur les réseaux sociaux pour faire connaître mes livres, informer les lecteurs de tel salon où me rencontrer… J’essaie de répartir ces multitudes d’impératifs dans tous les petits temps morts du quotidien. Et puis les week-end, je suis souvent en salons du livre, en librairies pour des rencontres ou des séances de dédicaces.

Bref, les journées et les semaines sont trop courtes, hélas !


🎤 Quel est ton livre préféré parmi ceux que tu as écrits ?


Cela me fait penser au film Le choix de Sophie : autant demander de choisir entre ses enfants !

J'expliquerais donc ... pourquoi je ne choisirai pas !

J’adore mon premier roman, pour sa vivacité de premier projet, pour tous les magnifiques souvenirs que sa très lente gestation a nourris pendant des années mais je l’aime aussi pour ses faiblesses, ses erreurs de débutante, ses fautes et ses fragilités. Le soleil ne brille pas pour tout le monde est mon premier-né de papier. Il m’a faite écrivain. Je le chéris pour cela, aussi imparfait soit-il.

Je suis fière d’avoir été au bout de mon deuxième roman. D’avoir transformé l’essai, comme un joli coup de pied au rugby ! Je pense que Les naufragés est mieux construit, dans son intrigue et dans ses personnages. Je crois aussi avoir progressé en écriture et pris conscience de certains mécanismes importants dans la fabrication d’un récit.

Mon deuxième roman m’a prouvé que je n’étais pas un imposteur. Il me donne toutes les raisons de croire en moi. Il fait que l'aventure se poursuit.

Bref chacun de ces deux livres a toute sa place dans mon parcours. Et dans mon cœur. Leurs personnages peuplent mon petit monde parallèle. Je les ai créés. Je les aime.


🎤 Et parmi ceux que tu as lus ?


J’en ai tant lus, j’en ai tant aimés ! De La chèvre de Monsieur Seguin, parmi mes premières lectures d’enfant, transmise ensuite à ma fille, ce qui lui donne un sel particulier à Entre deux mondes d’Olivier Norek, un roman dévoré il y a quelques mois et que j’aurais aimé écrire, tout comme Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu que j’admire. Mais j’aurais aussi été fière de signer le grinçant Mon mari, écrit par Maud Ventura ou l’innovant Kerozène d’Adeline Dieudonné.

Sans oublier le très puissant Anima, de Wajdi Mouawad, rare roman que j’ai lu plusieurs fois.

Mais ce serait alors oublier Pierre Lemaître et son Trois jours et une vie qui m’avait tant marquée. Non, vraiment, il y a trop de romans virtuoses lus récemment pour faire un choix exclusif.

Et encore, je ne parle pas de tous ceux qui ont forgé ma culture et ma sensibilité de lectrice, pendant mes années lycée et que j’idolâtre carrément ! Des Souris et des hommes, de Steinbeck ou Jean de Florette de Marcel Pagnol, L’Etranger de Camus comme l'Antigone d'Anouilh, ou encore Belle du Seigneur de Cohen, sans oublier La Nuit des Temps de Barjavel qui m'a offert le prénom de ma fille Eléa.

Mon amour inconditionnel pour la tragédie vient de ces histoires-là alors je les garde toutes !


🎤 Quel personnage de roman aurais-tu aimé être ?


Aucun ! La tragédie, les romans noirs, c’est beau à lire, à écrire. Mais à vivre ? plutôt mourir ! 😊


🎤 As-tu d’autres passions que l’écriture ?


La lecture ! Et les voyages.

Si je croisais un génie, je ferais ce vœu : avoir pour métier de lire, d’écrire des chroniques et des romans. Je pourrais exercer cette profession n’importe où, alors je parcourrais le monde au gré des envies et des opportunités.


🎤 Peux-tu nous parler de ton dernier roman ?


Mon deuxième roman, Les naufragés, est un roman noir, plus qu’un polar : comme dans le premier, Marseille offre un cadre et la société actuelle nourrit l’intrigue, mais cette fois le héros, Hugo, est aux prises avec ses propres certitudes plutôt que contre des criminels. Cet homme qui pourrait être notre voisin de palier est confronté à des choix qui pourraient être les nôtres. Il va s’engager, comme nous aurions pu le faire. Mais sait-on jamais dans quoi on s’engage ?

Au-delà de la question sociétale que j’ai voulu aborder, je mets en scène la difficile question du choix. Et comme dans mon premier livre, l’amitié, la confiance, la parole donnée, l’honneur des hommes sont les ancrages du lien humain, essentiel à mes yeux dans nos sociétés brutales et absurdes.

Vous noterez que j’ai parlé du « deuxième » et non du « second roman » : je compte bien ne pas m’arrêter là. Et si mon troisième projet va à son terme, il sera bien différent des deux premiers. Différent dans son cadre comme dans sa narration. Sans en dire trop, sachez qu’il s’agira d’un roman choral, autrement dit où la narration est prise en charge par plusieurs narrateurs distincts. Cela rend l’écriture de ce troisième roman très laborieuse et les écueils sont nombreux. Mais le défi m’intéresse. Alors je poursuis mon travail.


🎤 Que lis tu en ce moment ?


Je relis Germinal, de Zola, parce qu’il faut revenir régulièrement aux grands maîtres, et que je veux faire aimer ce roman à mes collégiens pour terminer l’année scolaire en beauté !

Mais j’ai hâte de pouvoir découvrir La femme du deuxième étage de Jurica Pavicic dont la chronique d’un blogueur m’a vanté la qualité. Après, pourquoi pas La faille, de Thilliez. Mais je voudrais aussi enfin lire La chinoise du tableau, de Florence Tholozan, éditée chez le même éditeur que moi : je vais la rencontrer lors d’un salon en septembre à St Rémy de Provence. Je voudrais avoir lu son livre avant pour en parler avec elle. Elle avait très gentiment répondu à toutes mes questions et donné de précieux conseils à la veille de mon tout premier salon du livre …


🎤 Un mot pour terminer ?


Merci ! L’un des mots les plus importants de notre langue.

Merci Françoise d’avoir lu mes romans, d’avoir partagé votre enthousiasme autour de vous et merci de m’accorder de l’intérêt et une place dans votre univers.

Merci enfin à vous tous qui avez lu cette interview. Me donner de votre temps est un cadeau. J’espère qu’en retour, je saurai vous apporter de belles émotions par mes deux romans : Le soleil ne brille pas pour tout le monde et Les naufragés.


🎤 Merci Audrey pour de t'être prêtée au jeu de ces questions/réponses et pour la passion que l'on ressent dans chacune de tes réponses. J'ai adoré les découvrir, te découvrir. J'ai adoré la façon dont tu manies les mots, bravo et MERCI à toi! 🙏


Et si on se prêtait au jeu du Portrait Chinois?


Audrey Sabardeil s'est livrée pour nous à cet exercice!


Son portrait chinois? Passionnant! 🙏


🎤 Si tu étais .....

🎼 Une chanson

Un choix impossible tant il y a de chefs d’œuvre !

S’il le faut vraiment, je choisirais pour le texte : La Quête, de Jacques Brel pour ces mots : « Aimer, même trop, même mal / Tenter, sans force et sans armure / D’atteindre l’inaccessible étoile »

et pour la musique : Whole Lotta Love (Led Zeppelin) parce que je ne peux pas y résister.


🦎Un animal

Le lézard, pour profiter du soleil


🖤 Une couleur

Le noir, comme les romans que j’aime lire et écrire


🌺 Une fleur

Le coquelicot, pour ses pétales froissés et sa tendance à pousser un peu n’importe où. Son côté rustique et fragile aussi, comme ce que j’aime révéler chez mes personnages et qui m'émeut chez les gens, en général.


💋 Une émotion

L’euphorie, pour l’ivresse et l’énergie qu’elle procure. L’émotion des grands moments.


⏳ Une époque

À revivre : Les années 1990-1993, parce rien ne vaut pour moi les années lycée et pour revoir mes parents en vie.

Pour un voyage dans le temps : les années 65-75, pour voir tous ces concerts des artistes morts trop tôt et dont je regrette amèrement de n'avoir jamais senti les vibrations uniques que donne un concert live ( en vrac, je ne verrai jamais The Beatles, The Pink Floyd, Bob Marley, The Doors, Tina Turner, Aretha Franklin, James Brown, Stevie Wonder, Ray Charles, The Queen, Jacques Brel, et j'en oublie plein !)


⌚Un moment de la journée

Le soir, parce que je suis un oiseau de nuit. Le matin pour la grasse matinée parce que je suis un oiseau de nuit (encore!)


🧳 Un lieu

N’importe où, tant que c’est avec des amis.


🛋️ Une pièce de la maison

À mi chemin entre la cuisine et le salon, autour du comptoir, pour travailler, écrire, regarder mon homme cuisiner, boire un verre entre amis, avoir de grandes discussions sérieuses autant que des fous rires mémorables


🎥 Un film

Fight Club de David Fincher pour son incroyable scénario, ses trois acteurs impeccables et sa bande-son parfaite. Where is my mind ?


🌳Une saison

Le printemps, comme la promesse de tous les possibles.

L'été pour le soleil, la Méditerranée sur la peau et les longues soirées qui s'éternisent, pourvu qu'il reste du rhum !

L'hiver enneigé pour la sensation unique du ski, pour le contraste blanc/bleu dans les Alpes.

L'automne et ses couleurs de feu. J'aime les saisons et surtout j'aime l'alternance des saisons.


📚 Un personnage de roman

Pour ne pas avoir à choisir un personnage des romans que j'ai lus (encore un choix cornélien!), je botterais en touche et opterais pour Hugo, le héros de mon second roman. Il y a beaucoup de moi en lui.


📘 Un roman

Le soleil ne brille pas pour tout le monde, mon premier. Celui qui m’a permis de me sentir légitime dans mon désir d’écrire.


⛵ Un voyage

Encore un choix complexe. J‘adore les voyages. Peut-être celui que j’ai fait à New York pour mes 40 ans. Je suis allée de surprises en surprises dans cette ville.


✍️ Une citation

« Les hommes ne sont beaux que des décisions qu’ils prennent ». Eldorado, Laurent Gaudé


Je réalise que cet exercice du portrait chinois est particulièrement compliqué pour moi : j'ai vraiment du mal à choisir. à renoncer.

Ça doit pouvoir se psychanalyser, à mon avis. Mais je m'en garderais bien !

FIN !


Merci Audrey pour ce magnifique portrait chinois! 🙏

Audrey dont les deux romans "Le soleil ne brille pas pour tout le monde" et "Les naufragés" sont en librairie chez M+ Éditions




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